À l'entrepôt![Libre]

De venir en ce lieu ne plaisait pas du tout à Baan qui ne pouvait se défaire de la triste sensation qu’il venait « entreposer » Barack dans ce hangar à dragon. Mais la vie était ainsi faite qu’on ne pouvait toujours faire selon notre bon vouloir... Et il avait été clairement avisé que les dragonniers noirs DEVAIENT laisser leur dragon dans la tour céleste pour qu’ils puissent s’y reposer. Et de toute façon, quand Baan avait joint l’armée noire, plusieurs années auparavant, il savait qu’il n’aurait plus la vie aussi facile. S’était-il réellement attendu un changement depuis son retour à titre de dragonnier? Pas vraiment... C’était simplement le triste rappel d’une évidence.

Il figea son pas devant le grand mur nord de la tour. Celui-ci était froid et nu, ne laissant place à aucune cavité, aucune proéminence, aussi plat et fade qu’une glace. Pourtant s’était là que se trouvait l’entrée. Une entrée bien spéciale pour que seul les dragonniers puissent y avoir accès. Parlant avec force, mais san crier, Baan dit, en regardant le mur droit dans les yeux :

Barack!

Un brin de tôle froissé s’en suivit, se répétant sans arrêt pendant deux ou trois secondes, puis se fût un nouveau son, un seul coup. Un bruit de métal qui s’entrechoque violement et finalement, le grattement distinct de la pierre qui s’effrite au contact d’une autre pierre. C’était un pan énorme du mur qui glissait vers l’arrière, faisant apparaître du même coup, une porte suffisamment grande pour que les dragons puissent y circuler sans difficulté.

Avançant encore de quelques pas, le jeune shymar put enfin contempler le lieu que bien peu de gens avait eut la chance de voir; l’antre des dragons de l’armée noire. C’était un endroit étrange, empreint de la noirceur de la race, mais pourtant d’une grande beauté. Les dragons étaient une force considérable en temps de guerre et il fallait donc les traiter avec respect et égard. Chose que l’on avait pas manquée en créant ses lieux. Le dragonnier se tourna vers Barack et lui dit :

Et bien, finalement ta nouvelle demeure n’est pas si mal... ne t’inquiète pas je passerais te voir souvent. Mais avant, tâchons de te trouver un espace libre!

Il se tourna vers la droite, l’endroit semblait plus calme. Et il se mit à la recherche d’un endroit dégagé, le petit dragon noir toujours prêt de lui.

[Bon allez, je viens t'embêter un peu ]

Des grognements...Partout. On se croirait dans une tanière remplit d'ours énervés. Cependant, cela n'était que le rugissement de quelques dragons. De loin. En effet, on pouvait les entendre jusqu'au pied de la tour. Cela avait le chic d'effrayer tout les curieux ou autres visiteurs enquiquinants. Nullement besoin de gardes non plus. Ah quoi bon ? On ne trouvera jamais mieux qu'un dragon comme sentinelle. De plus, le système de défense de l'entrepôt était des plus sophistiqués. Une magie noire comme aucun murmure ne pourra en faire s'y trouvait et protégeait chaque dragon d'intrus mal attentionnés.
La nuit tombait, et cela se faisait ressentir sur l'activité des dragons qui ralentissait. Ils étaient tous assis, plus ou moins, et n'avaient pas l'air de vouloir bouger de leur place. De plus, ils avaient déjà mangés. Chacun, deux grandes tranches de viande crue. Cela les calmait le temps d'une nuit. Le reste de la journée, c'était aux dragonniers de s'en occupés.

Mais passons.
Au lointain dans les cieux, une silhouette aussi minuscule qu'un point fit son apparition. Celle-ci s'approchait étrangement vite. Dans le futur, on aurait pu prendre cela pour une fusée mais de ces jours là, il n'y avait qu'une seule option. Un dragon. Des plus rapide d'ailleurs. Sur son dos, quelque chose semblait flotter...Le pan d'une robe. Une jeune femme était assise sur son dos, droite mais pourtant bien crampée à sa monture celeste et ces derniers volaient à vive allure. Les grandes ailes du dragon noire brassaient l'air, le propulsant en avant toujours plus vite.
La tour n'était plus qu'à quelques mètres. La constation dite plus haut sur les dragons étaient connus par les deux. Ils savaient qu'il était temps de se reposer. Le soleil n'était plus dans les cieux depuis une vingtaine de minutes déjà.
Non mécontent d'être arrivé à destination, le dragon fléchit ses robustes pattes et atterit avec grâce sur la tour, se stoppant par des petites foulés. Il battit plusieurs fois des ailes frénétiquement, avant de les replier sur ses flancs. La dragonnière quitta ce dernier en sautant souplement sur le sol, et sans avoir manifesté un geste hésitant ou méfiant, elle l'attrapa par la lanière qui passait dans sa gueule. Ce dernier agita la tête sur les côtés, mais un seul regard de sa maîtresse lui suffit de s'immobiliser.
Puis, se retournant droit devant elle, la jeune femme à la robe noire ou l'on pouvait distinguer difficilement son visage puisqu'elle portait un voile sur ses cheveux, murmura des paroles incompréhensible.
A son tour, le passage s'ouvrit laissant l'entrée libre aux deux nouveaux arrivants. Le tirant avec douceur, chose étrange pour la carrure du dragon qui dépassait de loin tout les autres, ils s'engouffrèrent dans les lieux. Derrière eux, la porte se referma, sans bruit.

Un silence s'ensuivit, quand ils apparurent. Les dragons tournèrent tous leurs têtes vers eux, les observant un moment avant de reculer vers le mur, grognants tous. N'y prêtant pas attention, le dragon et sa maîtresse se mirent à avancer dans une allée centrale, ou os et autres commissions de dragons trainaient avec négligence. Arrivés au bout de l'allée, où la seule fenêtre des lieux se trouvait, la jeune femme lâcha sa monture et entreprit de lui libérer sa gueule de l'entreprise des harnais qui semblaient l'enquiquiner. Claquant férocement des machoires, celles-ci libres, le dragon noir à crête, le seul de cette contrée, s'avança lourdement vers un bac où reposaient deux grosses tranches de viandes. La jeune femme le fixa un moment manger, avant de jeter sur le sol les rennes. Retirant le voile de ses cheveux, libérant une cheuvelure sombre et fluide qui lui tomba sur ses épaules, la dragonnière lâcha un léger soupir et remarcha sur ses pas, prête à quitter la tour. Seulement, un bruit dans l'allée adjacente l'intrigua. Il y avait quelqu'un d'autre. Jetant un coup d'oeil par-dessus son épaule, observant à travers la fenêtre le ciel maintenant encre, le visage de la jeune femme s'imprégna légèrement de dureté.
Marchant silencieusement, sa robe noire tournoyant autour de ses chevilles, elle bifurqua sur l'allée se trouvant sur sa droite. C'est là qu'elle aperçu un homme, tenant après lui un dragon bien minuscule. Haussant un sourcil intrigué, elle croisa les bras et l'observa un bref moment marcher, comprenant qu'il n'était pas un habitué des lieux. Les autres dragonniers étaient plus vifs que cet homme hésitant.
Un nouveau recruté ?
Au fond, elle n'avait pas à se poser la question quand cet homme pouvait lui répondre.

Escusez moi...Mais, qui êtes-vous ?

C'est sur que cette question était des plus directe. De plus, elle ne s'était pas fait entendre en étant arrivée, donc il risquait de sursauter un peu. Les bras croisés, le regard fixe et impénétrable si ce n'est indifférent, la jeune femme à la robe noire patienta. Elle espera que ce n'était pas un de ses insolents qui piquait les places des autres dragons. Elle détestait ça.
Des torches accrochés aux murs s'allumèrent. Les flammes étaient noires et nullement gênantes pour les dragons qui somnolaient déjà.
Elle espera aussi qu'il n'en avait pas réveillé quelques uns au passage...Sinon, il se verra les bercer si il le fallait.
Plus qu'à voir ce qu'il avait a dire...

C’était vraiment étrange... l’endroit semblait contenir plus de dragons, que Baan n’avait jamais vu de dragonniers de toute sa vie. Il y en avait partout, de toute les tailles, de toutes les formes et toutes les couleurs. Le Shymar en avait même aperçu du clan de Barack. Bref, c’était formidable, mais à la fois étrange qu’autant de créatures vivent ici, alors qu’il semblait y avoir si peu de dragonnier.

Il songeait à tout cela, quand il vit enfin un enclos vide, dont il s’approcha rapidement pour installer Barack. C’est à son immense étonnement, que le jeune Shymar constata qu’en plus d’être vide, l’enclos portait une gravure :

Barack, dragon de Baan

Définitivement, les gens qui s’occupaient de l’endroit (si ce n’était la magie elle-même qui le faisait) agissait avec une rapidité de peu d’égale. Quoiqu’ils se laissaient un peu aller sur l’entretien... plusieurs carcasse de petites et plus grosses créatures jonchaient le sol. Il devait sans doute être difficile de tenir un troupeau de dragons au propre.

Alors que le dragonnier, s’apprêtait à ouvrir la barrière pour permettre à Barack de passer, quelqu’un lui posa une question. La voix venait de sa droite et était féminine, elle lui demandait qui il était Le jeune homme n’avait pas bronché d’un pouce, son passé lui étant parfois bénéfique... Il avait simplement ouvert la barrière dans un geste sec d’une fraction de seconde avant de pousser le battant du pied. Il murmura quelques mots à l’oreille de son dragon noir :

Ferme la porte au passage s’il te plaît.

Les paroles n’étaient que peu utile, car d’avantage s’était l’humeur et les infimes changements du dragonnier qui avait permis au petit dragon de comprendre la requête de son monteur. Tandis qu’il s’exécutait, le jeune soldat de l’armée noire s’approcha de son interlocutrice, retirant le casque de cuir bardé de fer qui lui couvrait la tête, il dit :

Je suis Baan, fier guerrier du peuple Shymar et fidèle dragonnier de l’armée sombre.

Tout en parlant, il s’était plié dans une légère arabesque, aussi gracieuse que le permettait son accoutrement de guerrier. Puis, finissant de s’approcher de la dame, il tandis la main droite, paume vers le ciel, pour qu’elle y dépose sa main, ajoutant prestement :

Et qui, mes yeux ont-ils la chance de contempler?

Coïncidence avatangeuse pour cet étranger, certainement. Il venait de prouver à la jeune femme, sans l'avoir voulu, qu'il avait effectivement sa place dans ces lieux. L'endroit désigné pour son dragon minuscule le démontra. Cependant, une chose était sûre...Elle ne l'avait jamais aperçu dans les environs jusqu'à ce jour.
Droite, l'observant d'un regard dénué d'expression, dégageant naturellement un charme plein d'une douceur rassurante, la jeune femme semblait innofensive. Tout en elle dégageant une forte impression d'être quelqu'un responsable de cette tour. Rien de plus. D'ailleurs, quand le nouveau dragonnier s'approcha, celle-ci ne fit rien pour reculer. Au contraire, elle inclina même légèrement la tête vers l'avant, l'observant avec une curiosité naïve.
Tout cela s'évanouit quand le mot shymar fut jeté dans la discussion. Relevant la tête, le menton fier, la jeune femme à la robe noire inclina légèrement la tête.
Son ton ne changea pas de nuance.

Un shymar...Voilà bien longtemps que je n'ai aperçu des gens de votre clan...Baan. D'ailleurs, pourquoi avoir troqué vos splendides raers pour un dragon d'une telle carrure ?

Il était vrai qu'il y avait de quoi s'interroger. Ces raers que seuls les shymars pouvaient approcher, comme le faisait la jeune femme à la robe noire pour les dragons noirs, sauvages. Il venait de perdre au change, certainement. De plus, il était étonnant de voir qu'il se qualifiait de fier guerrier sans avoir honte de prendre sous son aile un dragon noir si petit. Un sourire en coin attenua l'expression hautaine naturelle de la dragonnière. Par la suite, il accorda à la jeune femme à la robe noire une révérence. Concédant, elle plaça sa main froide comme la mort dans celle du shymar. Son regard perçant, rivé sur ce dernier semblait le sonder. Rien ne pouvait lui faire barrage. Aucn esprit...Aucune âme. D'ailleurs peut-être avait-il en lui cette part d'ombre que la jeune femme à la robe noire cherchait désespérément ?
Méfiante et surtout sceptique de voir un shymar détaché de son clan, les yeux de la dragonnière devinrent lointains. Rien en elle n'avait changé...Et jamais rien n'operera changement en elle. Jouer la comédie, se prendre pour quelqu'un d'autre...La jeune femme à la robe noire était si douée pour ça...

Je ne suis qu'une simple habituée des lieux...Et puis, révéler mon identité à un inconnu serait bafoué mon éducation acquise de mes défunts parents...

Elle lui accorda un second sourire, celui-ci montrant clairement qu'elle était navrée. A sa droite, un dragon grogna, certainement gêné que des bruits vinrent troubler le silence exigé du repos. La dragonnière n'y prêta guere attention.
Le simple contact avec le shymar lui avait permit d'authentifier ses dires. C'était vrai...Tout dans sa main tendue, trahissait le maniement assidu d'armes.
Pour descendre de ses illusions, il fallait qu'elle sache une chose. Savoir si elle perdait son temps ici, ou si, justement, une occasion venait de se présenter à elle.
S'approchant du shymar, la jeune femme à la robe noire lui murmura tout bas...

J'ai eu des échos sur votre peuple...L'on dit que les shymars de nos temps se révoltent...Quitte leur terre....Se moque des traditions...Ou délaisse leur titre officiel de cavaliers de raers, pour devenir dragonnier comme vous....Alors je me demandais...

Retirant sa main de celle du guerrier, elle la déposa délicatement sur le manche de son glaive. Non seulement elle était dans son périmètre, mais en plus elle avait une main sur l'arme du jeune homme. Si elle n'avait pas l'air si engageante dans la discussion, elle aurait pu être considérée comme dangereuse...
Elle acheva, encore plus doucement

Pourquoi ? Que cherchez vous chez les autres ? Il y aurait-il quelque chose dont j'en ignore l'existence, messire Baan ?

La dame semblait étrangement mystérieuse, voilant son identité, même jusqu’à son nom. C’était bien étrange, quoique c’était peut-être le voie de la sagesse dans ce pays. Voir même quelques gouttes de peur qui dictait de ne pas se dévoiler trop rapidement. Mais le Shymar ne pouvait s’empêcher de trouver la situation amusante, car si la dame lui avait donné un nom, un fictif, il n’aurait pas cherché à comprendre, mais voilà que maintenant il songeait.

Mais ses réflexions furent rapidement coupés par les propres questionnements de la dragonnière qui semblait en avoir beaucoup à dire sur les Shymars. Probablement même plus que lui :

Il y à maintenant 7 ans que je ne me suis pas approché d’un autre Shymar, et je suis un guerrier, non pas un sociologue, alors j’ignore si de tel changements se sont vraiment produits. Je suis ici pour mes propres raisons, pas dans un mouvement de solidarité pour mon peuple. En fait, si je suis ici, c’est bien pour les raisons inverses.

Mon peuple à trahi la confiance que j’avais en eut, ils ne méritaient plus d’être. C’est pourquoi, après avoir assassiné tout les membres de la tribu d’Orophin, je suis venu chercher la guerre parmi les rangs noirs.

Le Shymar alors qu’il approchait de la fin de ses explications et qu’il s’apprêtait à défendre l’honneur un peu bafoué de son dragon, senti la main de la jeune femme se poser sur son glaive. Il sourit intérieurement, s’il avait s’agit d’un homme, il aurait sans hésitation déchaîné une force électrique jusque dans le bras de l’opposant.

Mais voilà, s’était une femme et Baan avait un code de l’honneur, ce qui ne l’empêchait pas de donner une leçon à sa façon... Alors qu’elle tenait le glaive par le manche, le Shymar se recula d’un pas vif vers l’arrière, faisant ainsi sortir l’arme du fourreau. La lame pointé vers lui, alors que la femme se retrouvait avec l’arme à la main de façon bien surprenante, il la chargea d’un nouveau pas vers l’avant.

Alors que la lame était pointé vers le bas de son flanc droit, il avança suffisamment vite pour que le choc soit violent et pourtant, la lame ne s’enfonça pas. Souriant de façon mi-cruel, mi-amusé le Shymar ajouta :

Vous devriez savoir que lorsque les guerriers reviennent de l’entraînement leurs lames sont trop émoussées pour pouvoir blesser quelqu’un en armure...

Alors que la lame s’enfonçait quelques instants après le véritable impact, le jeune Shymar poussa un grognement dû à la douleur que provoquait une lame si ébréchée dans son flanc. Il avait évalué que la coup n’était pas menaçant pour sa vie, du moins pas encore.

Lorsque sa lame ressortie de ses chaires, il appliqua rapidement sa main gauche sur la plaie, plaçant son index et son majeur sur le plus grosse veine qui venait d’être coupée. Même si il avait fléchit à l’entré et à la sortie de l’arme, il n’avait pas quitté son adversaire du regard, la regardant avec un air sombre, mais étrangement, non-agressif. L’on comprit pourquoi quand il parla :

Il est des gens en ce monde qui ne valent pas la peine d’être combattu, d’autre qui en valent le coup, mais avec qui il ne faut pas essayer... Ces gens là sont chanceux, car personne ne peut les confronter de front et rares sont ceux assez lâches pour essayer de les avoir par surprise...

Que voulait dire semblables paroles? Tout ne fût clair que lorsque le Shymar tapa du pied à deux reprises sur le plancher. Un éclair noir traversa le petit couloir où ils se trouvaient, passant derrière la femme, on finit par remarquer les traits d’un dragon. Il remonta avec souplesse, passant avec aisance entre les poutres des autres cages, il alla saisir une poutre du plafond, avant de s’élancer d’un rapide et court piqué, vers son maître.

Moi-même je ne savais pas où il était, il a agit de sa propre volonté en m’entend grogner tout à l’heure et maintenant que vous avez eut la chance de le voir voler, croyez-vous toujours que j’ai perdu au change? Et peut-être est-ce le cas. Et après! L’ai-je choisit pour sa force? Certainement pas, puisque c’est lui qui m’as choisit. Et tout comme pour mes actes, je me fiche éperdument de savoir si mon nom leur semble bafoué, j’agit selon ma pensée, pas la leur.

Alors qu’il parlait, il prenait de fréquentes pauses, reprenant son souffle et prenant quelques instants pour ne pas trop perdre de force de sa blessure. Mais alors, il fît quelque chose d’étrange, retirant ses doigts de sa blessure, il se tint droit comme une barre, aussi fier qu’un haut roi et il clama avec force et véhémence :

Et sachez que vous avez raison, nul homme ne se souviendra de moi, car ils auront tous passé sous ma lame...

Immobile telle une statute, il était difficile de s'imaginer que cette femme venait de bouger. Tout en elle était intriguant. Elle semblait véritablement venir d'un autre monde. Cette apparence si frêle et si trompeuse, pour un caractère qui était tout le contraire. Qui pourrait se douter qui ce cachait derrière ses yeux noirs, indifférents et impénétrable ? Cette jeune femme, à l'existence oubliée...Ainsi que ces cinq autres....Tout cela à cause du temps. Le temps.
Elle baissa la tête. C'était vrai, elle n'avait plus de temps. Il fallait qu'elle s'en aille...Il ne fallait pas retarder ce qui était inévitable.
La jeune femme ferma les yeux, repensant à Elle. Pourquoi n'arrivait-elle pas à la cerner ? Pourquoi ne lui répondait-Elle pas ? Pourquoi !? Tout cela était grotesque...Grotesque et angoissant.

Rouvrant les yeux, laissant apercevoir une lueur rouge qui venait de s'éteindre dans les abymes de ses yeux, la dragonnière fixa Baan, sans exprimer quoique ce soit. Elle ne semblait pas regreter son geste...A partir de là, elle ne regarda rien d'autre que les yeux du dragonnier. Il était bien des seuls à ne pas avoir peur de son être. A ne rien...Serait-il vraiment commen il le prétend ?
S'approchant doucement, elle l'écouta. Chose qu'elle n'aurait jamais fait en temps normal...Mais connaissait-elle la normalité ?
Son aura se fit menacante. Ses mains touchèrent les plis de sa robe, pour ne pas prendre l'épée qui jonchait le sol et finir son travail.
La remarque de ce guerrier éloquent la concernait, elle le savait, mais malgré tout, elle ne parla pas. Ne réagit pas. Elle s'arrêta apparemment suffisament proche pour que le dragon de Baan s'alarme et daigne démontrer sa présence en déployant une vitesse accrue, qu'il ne devait qu'à sa taille. Voilà au moins une monture loyale...Possible qu'un raer n'aurait pas prit la peine de se manifester.

Une fois de plus, elle l'écouta sans rien dire. Que pouvait-elle dire ? Après tout, cela ne la concernait pas. Qu'il croit que le ciel est bleu ou vert, cela ne la concernait pas. Qu'il pense que son dragon vaut mieux qu'un raer, cela ne la concernait pas non plus. Non...Mais ce qui la concernait, était de voir jusqu'où pouvait aller ce guerrier. Après tout, ne poussait-elle pas cette conversation dans un but précis ? En peu de phrases, elle avait déjà découvert qui était cet homme. Il dévoilait son identité sans aucune méfiance...Car, il était sur de lui.

L'observant se redresser, malgré la blessure qui suintait de sang, la jeune femme à la robe noire l'étudia avec intérêt. Ce shymar était un original...D'ailleurs, sa phrase dite à voix haute, vibrante de force et de volonté, la dragonnière se dit qu'il était bon d'avoir des gens de cette trempe dans l'armée.
Delaissant un bref moment son rôle, la jeune femme à la robe noire laissa fuser un rire.

Vous êtes impressionant...Mais dites moi....Si tout le monde meurt et ne vous connait pas, quelle sera votre récompense ? N'est-ce pas la gloire que vous recherchez ? Dans ce cas, qui vous récompensera ? Oh, j'espère que vous n'allez pas dire les femmes...

Elle eu un second sourire, bien que tout en elle était serieux. Surtout ce qui suivit.

Mais si vous pensez ce que vous dites...Alors vous devrez me tuer, moi aussi....Laver l'affront que je viens de vous faire...!? De plus, je connais votre nom...

Elle s'approcha encore...Et c'est là qu'elle baissa les yeux vers la blessure. Il n'y avait plus rien. Plus de sang, plus de trou dans la chair et le métal de l'armure, plus de douleur. Le sol et le glaive était immaculé.
La jeune femme à la robe noire redressa ses yeux vers lui, et fronça légèrement des sourcils.

Je n'aime pas me fier aux apparences...Vous devriez vous aussi éviter de le faire.

Une illusion. Tout fut une illusion. Jamais la jeune femme à la robe noire n'avait enfoncé son glaive dans le corps du shymar. Il avait eu raison. Le glaive avait été véritablement trop émoussé pour causer un quelconque dommage. Et pourtant, il s'était conduit en croyant le contraire de ce qu'il avait dit. Il avait eu mal. N'est-ce pas là une preuve qu'il ne valait pas mieux que les autres ?
Et puis, sa façon de penser était si différente de la sienne. Lui qui souhaitait apercevoir son avenir au bout de sa lame, sans se soucier que personne ne se souvienne de lui. Et elle....Ni elle, ni personne ne pourra oublier qui elle était, bien avant son existence sur cette terre. Tout était encore trop confus dans sa tête. Autrement, si elle n'était pas ce qu'elle était maintenant, elle n'aurait pas répondu ainsi au shymar. Elle n'aurait même pas prit la peine de lui adresser la parole.
Sans que cela ne se fasse sentir comme du "déjà-vecu", la jeune femme à la robe noire ajouta doucement

Ne vous egarez pas...Si vous souhaitez que personne ne se souvienne de vous, tachez au moins de ne pas oublier à votre tour, votre identité. Car il est très facile de s'égarer dans des chemins qui ne nous conviennent pas...

Elle le regarda un bref moment, avant de lui tourner le dos et de finir d'un ton plus autoritaire

Il est temps de quitter la tour, Messire Baan, les dragons doivent se reposer.

Décidément il commençait à être temps que la journée touche à sa fin… Le shymar n’avait pas suffisamment entendu parler des illusions pour pouvoir prévenir le coup, sans compter que cette femme était bien étrange, tout comme lui elle avait une vision noir du monde, mais pourtant divergeant. Ce n’était pas forcément mauvais après tout. Il invita donc la femme à prendre le chemin de la sortie, suite à sa suggestion et la suivit tout en s’expliquant :

Je n’ai jamais prétendu à une quelconque gloire ou renommée, je me bât pour tuer, par vengeance et pas pour autre chose. Cette envie est inextinguible, c’est pourquoi je me battrais dignement jusqu’à la mort. Pourtant, vous n’avez pas tord sur un point, je devrais me venger de vous un jour.

Mais dormez sur vos deux oreilles, même l’âme la plus noire ne saurait s’égarer sur les chemins de la lâcheté. Le jour où je me vengerais, vous mourrez l’épée à la main... ou aurez la gloire de m’avoir vaincu.

C’est sur ces mots morbide et pourtant noble, que les deux dragonniers quittèrent la salle où se reposait les dragons pour entrer dans le vestibule, espace mit en place pour que les dragons puissent se tenir en forme et se réchauffer avant une sortie. Baan, qui semblait s’être souvenu de quelque chose en voyant cette place, dit :

Vous ne m’avez toujours pas dit qui vous étiez. Et se n’est certes pas une simple habituée des lieux, car ceux-ci n’existent pas. Toute personne ici présente à un rang et un nom. Si ce n’est pas le cas, je devrais vous arrêter pour espionnage…

Il ne comptait pas réellement le faire, car il savait pertinemment que la Dame avait un statu dans l’armée ou du moins, possédait une raison valable d’être ici. Mais si elle refusait de lui répondre, il devrait agir néanmoins.